Le Quatuor à cordes Odeion conquiert l’Opéra La magie de Mzansi en harmonie

La troisième soirée du Festival culturel international de la musique symphonique a transporté, le samedi 19 avril 2025, le public algérois dans un voyage musical d’une profondeur rare, sous les couleurs vibrantes de l’Afrique du Sud. Dans une salle comble et vibrante d’attentes, l’Opéra d’Alger Boualem Bessaih s’est transformé en un écrin de virtuosité, d’émotion et d’excellence instrumentale.
Le Quatuor à cordes Odeion, considéré comme « le quatuor de la paix » en Afrique du Sud, a ouvert la soirée avec une maîtrise stupéfiante. La précision des archets, la fusion des timbres et la souplesse du phrasé ont immédiatement installé une atmosphère solennelle et chaleureuse. Les nuances délicates et les pizzicati nerveux se répondaient avec grâce, dessinant des paysages sonores à la fois familiers et nouveaux. Leur interprétation du Quatuor d’A. Feder, tout en retenue et en tension contenue, a donné le ton d’un programme exigeant et poétique.
La soprano Siphokazi Maphumulo, véritable étoile de la scène sud-africaine, est ensuite apparue sur scène dans une explosion de couleurs. Connue sous son nom de scène Nonzwakazi, elle a offert une prestation bouleversante, notamment dans « Of Darkness And the Heart » de H. Hofmeyr, œuvre poignante mêlant lyrisme vocal et textures chambristes. Sa voix ample et profonde, soutenue par une technique irréprochable, a capté l’attention dès les premières notes. Les aigus, pleins de lumière, se sont élevés comme des prières dans l’espace, tandis que les graves sombres et intenses semblaient puiser à la source de l’âme.
Le pianiste Megan-Geoffrey Prins, quant à lui, a subjugué par la clarté de son jeu, son toucher d’une rare finesse et son engagement émotionnel. Dans « Safika Three Tales of African Migration » de B. Ndodana-Breen, œuvre contemporaine puissante et narrative, il a fait vibrer le piano comme un conteur ancestral, entre rythmes syncopés, dissonances expressives et plages méditatives. La synchronisation avec le quatuor à cordes, tout en respiration commune, relevait de la haute voltige.
Le programme a également mis en valeur des compositions puisant dans le répertoire traditionnel revisité, à l’image de « Komeng » de M. Koapeng et de «Air de Princess Magogo » arrangé par Hendrik Hofmeyr, qui ont mêlé folklore et modernité dans un subtil tissage harmonique.
La soirée s’est achevée en apothéose avec l’interprétation de « Pata Pata », la célèbre chanson de la légendaire Miriam Makeba, par la soprano Nonzwakazi. Avec une grâce incroyable et une puissance vocale incomparable, elle a su captiver l’audience algéroise, sublimant la scène avec son interprétation pleine d’émotion et de dignité. En exécutant ce morceau emblématique, la soprano a insufflé une nouvelle vie à cette chanson mythique, tout en y apportant sa touche personnelle
Le public, conquis, n’a pas hésité à saluer les artistes par de longues ovations. Applaudissements nourris, bravos spontanés, regards émerveillés. L’émotion était palpable dans chaque recoin de la salle. L’ensemble a été, à la fin de leur prestation, honoré par le commissariat du Festival.