De la Bohème à Alger Le Duo Pavlová Šumníková questionne l’amour et la paix

C’est un souffle venu de Tchéquie qui a délicatement traversé la scène de l’Opéra d’Alger en cette cinquième soirée du 14ᵉ Festival culturel international de musique symphonique. Une soirée exceptionnelle, placée, comme l’a déclaré en marge du concert la violoniste tchèque Ludmila Pavlová, sous le signe « de la paix et de l’amour ». En effet, le Duo Pavlová Šumníková, formé par Ludmila Pavlová au violon et Marie Šumníková au piano, a tissé un moment suspendu, empreint de finesse, de délicatesse et d’émotion.
Avec la tendresse et la ferveur qui les caractérisent, les deux musiciennes ont ouvert le concert par Fratres, la pièce la plus connue du compositeur estonien Arvo Pärt, composée en 1977. Un subtil équilibre entre tension et apaisement, où les sons sont tantôt murmurés, tantôt exaltés, et où le dialogue entre le violon et le piano se transforme en un soupir presque sacré.
La deuxième pièce qui suivit est le duo De ma patrie de Bedřich Smetana. Une véritable déclaration d’amour à la terre natale. Le violon de Ludmila Pavlová, vibrant d’une émotion subtile, semblait parler directement au cœur, tandis que le piano de Marie Šumníková en soulignait chaque soupir, chaque élévation. Un instant de communion musicale entre les deux artistes et le public. Une alchimie presque magique. D’ailleurs, la magie s’est prolongée avec Conte de fées de Josef Suk, où la douceur du violon et la subtilité du piano ont évoqué des mondes imaginaires, pleins de poésie et de mystère.
Le point d’orgue du programme était, sans conteste, la Sonate pour violon et piano en la majeur de César Franck. Les doigts complices du duo ont déployé toute la majesté lyrique de cette pièce musicale. Les deux musiciennes ont exprimé toute la richesse émotionnelle de cette œuvre phare du répertoire classique romantique. Leur dialogue, fait d’échanges passionnés et de silences éloquents, a captivé l’assistance. Quant à l’échange entre les instruments, tantôt murmuré, tantôt déferlant, il révèle une connivence rare, forgée dans l’écoute et le souffle partagé.
Enfin, les Variations sur Gypsy Melody d’Aleš Skoumal ont apporté une touche de liberté fougueuse, une dernière danse vive et colorée pour clore cette parenthèse enchantée. Avec simplicité et grâce, le Duo Pavlová Šumníková a su insuffler à chaque note une émotion sincère, invitant le public à voyager bien au-delà des frontières visibles. Un pur moment de poésie musicale.