Annika Treutler, pianiste allemande « Ce festival est une fenêtre unique sur l’Algérie et sur le monde »

Vous avez-vous choisi d’aborder votre récital avec les fantaisies de Haydn et de Schumann avant d’enchaîner sur une escapade nordique. Pourquoi avoir choisi deux fantaisies en Do major et comment différencier les tonalités de chacune?
J’ai souhaité construire un programme autour du thème de la fantaisie, en explorant des œuvres de Haydn, Schumann et Sibelius. La Fantaisie de Haydn est pleine de joie et d’énergie – rapide, pétillante, presque spontanée – alors que celle de Schumann est tout en romantisme et en émotion. Elle parle d’amour et de passion du compositeur lui-même. Ce contraste entre les deux me touche particulièrement. Quant à Sibelius, j’ai choisi ses pièces pour piano parce qu’elles sont peu connues malgré leur incroyable richesse. Il a écrit plus de cent cinquante pièces, souvent courtes, comme celles des salons, pleines de caractère et parfois dansantes. J’ai terminé avec la célèbre Valse triste, qui me touche particulièrement.
Le choix de ce programme a-t-il une dimension personnelle ?
Absolument. Je représente l’Allemagne, et il me semblait important d’apporter quelque chose de typique mais aussi profondément personnel. Ce programme reflète mon cœur, ce que j’aime le plus transmettre au public.
C’est votre première fois en Algérie?
Oui, c’est la toute première fois que je viens ici, et c’est une expérience fantastique. Je voyage beaucoup en tant que musicienne, mais je n’ai pas souvent l’occasion de me produire en Afrique. Cette invitation m’a permis de découvrir un pays où la musique classique est réellement bien accueillie. J’ai appris qu’il existe un conservatoire ici, et j’ai eu la chance d’enseigner à quelques étudiants lors des master class matinales. C’est très enrichissant. Ils sont passionnés, curieux, et motivés. J’espère leur avoir transmis quelque chose, tant sur le plan technique que sur leur cheminement artistique. La musique classique est exigeante, mais elle crée aussi un espace de rencontres. Ce type d’échange est précieux – pour eux comme pour moi.
Quelle est votre perception du festival ?
Ce festival est très important, à mes yeux. Il ne s’agit pas seulement de jouer pour un nouveau public. Il permet aussi de créer des ponts entre les cultures. C’est rare, dans un pays où il y a peu de touristes, de pouvoir réunir autant de nations autour de la musique classique. C’est presque un miracle algérien. Pour nous, artistes, c’est une chance d’apprendre des autres et de vivre une vraie immersion. Sans la musique, je ne serais probablement jamais venue ici. Ce festival ouvre une fenêtre à la fois sur l’Algérie et sur le monde.
Avez-vous eu l’occasion de découvrir un peu de musique algérienne ?Pas encore, malheureusement. Je n’ai qu’une idée générale, mais j’aimerais beaucoup revenir pour m’y plonger davantage. Il me faudrait plus de temps pour explorer cette richesse.
Et du pays ?
J’irai à Oran demain (mardi 22 avril), ce sera déjà une belle étape. J’aurais tant aimé voir le désert, le Sahara, mais ce sera pour une prochaine fois. Ce que j’ai vu pour l’instant me rappelle le sud de l’Europe. C’est chaleureux et très accueillant.