A la 5ème soirée du 14e festival de musique symphonique Annika Treutler aux accents nordiques

La pianiste allemande Annika Treutler a fait sensation lors de la cinquième soirée du Festival international de musique symphonique à l’Opéra d’Alger, Boualem Bessaih.
Annika Treutler, seule représentante de l’Allemagne, à la 14eme édition du festival n’a pas déméritée . Elle a même illuminé la scène par un récital de piano d’une rare intensité, mêlant virtuosité et sensibilité dans un hommage vibrant à l’Allemagne et ses accents nordiques.
Dès les premières mesures de la Fantaisie en do majeur de Joseph Haydn, Annika Treutler a captivé l’auditoire par la clarté de son toucher et la précision de son discours musical. La partition, connue pour son style vif, presque improvisateur, typique du classicisme de Haydn, avec des passages brillants et des modulations ludiques, a été brillamment jouée par la pianiste. Son interprétation, d’un classicisme lumineux, a posé les bases d’une soirée remarquable.
Annika Treutler, a dans un second temps, exploré la Fantaisie en do majeur de Robert Schumann. Pièce complexe composée par Schumann entre 1836 et 1838, cette œuvre romantique, divisée en trois mouvements, explore des émotions profondes et des structures élaborées, tout en restant ancrée dans la tonalité de do majeur, bien qu’avec des modulations fréquentes. La pianiste a su conjuguer une profondeur émotionnelle saisissante avec une architecture sonore rigoureuse. Le dramatisme du second mouvement et l’élan onirique du final ont arraché les applaudissements nourris du public.
La seconde partie du programme de Treutler, s’est tournée vers les horizons nordiques de Jean Sibelius. Interprétant des pièces courtes telles que Souvenir, In the Old Home, Romance et Valse triste de son compositeur préféré, Annika Treutler a révélé une palette de timbres d’une finesse remarquable, insufflant une poésie nostalgique et un lyrisme délicat. Son jeu a transporté l’auditoire dans un univers introspectif, où le temps semblait suspendu.
Récompensée par les prestigieux Opus Klassik Awards en 2020 et 2023, notamment pour son enregistrement du Concerto pour piano de Viktor Ullmann avec l’Orchestre symphonique de la radio de Berlin, Annika Treutler a une fois de plus conquis le public. À Alger, où elle se produit pour la première fois, le jeu de la jeune allemande, sa performance généreuse et habitée a suscité une ovation prolongée du public, qui découvre que le piano, à lui seul, pouvait offrir aux mélomanes un récital d’une beauté insoupçonnable.